Nationale 1, bilan de la saison, suite et fin

Livry clôture le classement

Avec huit victoires et cinq matchs perdus, l’équipe de Livry pointe à la troisième place du classement. Débutant la saison par une victoire contre Saint-Jean d’Angély, ils ont ensuite enchaîné avec des victoires contre Denain, le Racing, Harnes ou encore Moulins. L’équipe parisienne compte quand même quelques défaites, notamment celle contre Mulhouse à domicile ou contre Taverny, Bordeaux et Aix à l’extérieur. 

Loïc Levrel nous dresse un premier bilan de la saison : « Un bilan très mitigé avec un goût d’inachevé. Ce n’est pas la première fois que je le dis, nous ne sommes pas à notre place au vu de l’effectif que l’on a et des conditions d’entraînement qui nous sont octroyées. Le championnat s’arrête et on termine 3ème. Une place qu’on ne démérite pas mais à ce moment de la saison, on ne mérite pas mieux.

Crédit photo – Livry-Gargan

Je pense que le classement de la dernière journée joué aurait pu être celui de la fin de championnat. Notre équipe a évolué par rapport à l’an dernier, je pense qu’on a eu du mal à s’adapter à cette nouvelle organisation. Aix mérite sa place de 1er et Bordeaux sa place de dauphin. Bravo à eux ! »

Pour la saison prochaine, il évoque quelques inquiétudes et un peu de flou à propos de la suite : « C’est difficile, la crise sanitaire touche les entreprises mais aussi les associations sportives. Nous sommes dans le flou sur de nombreux sujets pour pouvoir nous projeter (cotisation, subventions…) J’espère que nous parviendrons à conserver le même effectif et à poursuivre la montée en puissance de nos jeunes qui devront être les titulaires de demain ! Il nous faut de la stabilité c’est une évidence pour atteindre nos objectifs et éviter les résultats en dents de scie. »

Au niveau du championnat de Nationale 1, Loïc Levrel est satisfait : « Un championnat très intéressant avec des rebondissements, clairement aucun match n’était réellement joué d’avance. Le nouveau règlement n’était pas une mince affaire… Et je pense que cette grande trêve ne va pas aider pour le reprise surtout que de nouvelles règles apparaissent encore dès la prochaine saison pour l’Elite, là aussi y’a peut être un besoin de stabilité ! Le niveau N1 est bon mais il faut se l’avouer il y a un fossé avec l’Elite. J’espère que la nouvelle règle mise en place sur le nombre de non-JIFF, permettra de diminuer cet écart et de faire évoluer la formation des joueurs français au plus haut niveau ! C’est très honorable à Bordeaux de relever ce défi, ils ont une super structure, un super public ils prendront une belle expérience c’est certain. »

 

Bordeaux a montré du caractère

Avec douze victoires et deux défaites pour quatorze matchs au compteur, les Bordelais se situent à la deuxième place du classement. Ils auront été les seuls à faire chuter Aix-en-Savoie durant la saison 2019-20. Si l’USB a ouvert sa saison en passant Pont-de-Claix, Harnes et Moulins, Saint-Bruno perd à Mulhouse mais se rattrape contre Livry-Gargan dans la foulée. Par la suite, les Girondins perdent dans l’antre aixois mais se relancent contre Givors, enchaînant alors une série de huit victoires de rang contre Saint-Jean d’Angély, Denain, Taverny, le Racing, Aix-en-Savoie, Pont-de-Claix et Harnes.

Patrice Pecqueur dresse un bilan de la « saison » : « Les circonstances font que le championnat a été arrêté alors qu’il restait un tiers des matchs à disputer. C’est comme ça, on n’y peut rien. Si les gars s’entraînent, c’est pour jouer le plus possible. Le compte n’y est donc vraiment pas cette année. Ces « deux tiers de saison » ont été un motif de satisfaction pour nous. Après l’année dernière, qui a été une année de stabilisation en N1 avec une belle 6ème place, on était sur une super dynamique avec huit victoires d’affilée depuis la lourde défaite encaissée à Aix-les-Bains (23-6). Dans ces huit victoires, j’en retiens deux : contre Givors (12-11), à domicile, dans un contexte particulier. On sortait de la déroute aixoise et comptions un bon nombre de joueurs indisponibles (suspendus ou blessés). Les circonstances du match contre Givors ont fait qu’on s’est retrouvés avec deux joueurs cadres à trois fautes en troisième période (même s’il faut souligner que Givors avait aussi connu une exclusion définitive de son côté). Malgré ça, on a quand même réussi à remporter une victoire au forceps grâce notamment à nos jeunes. Ce succès a été un élément déclencheur qui a remis le groupe dans le bon sens. Il lui a aussi fait prendre conscience que chacun était important dans l’équipe. Et puis, on est reparti du bon pied en janvier-février en enregistrant quatre victoires d’affilée, dont une à Taverny, avant d’aborder le match contre le leader aixois. Pour ce match, on avait comme principal ambition de réduire l’écart par rapport à l’aller. Au final, le fait d’avoir passé un adversaire de qualité a constitué un second déclic pour mon groupe, lui a fait prendre conscience des possibilités qui existaient pour lui de jouer les premiers rôles dans ce championnat de N1. C’est en cela que l’arrêt du championnat est frustrant pour nous. Nous ne saurons jamais où nous aurait emmené cette saison. Avec 15 points d’avance sur le 4ème, je pense que l’on aurait réussi, au minimum, à conserver une place sur le podium. C’est pour moi une satisfaction d’avoir réussi là où j’avais échoué précédemment en N1 avec ce club. »

Crédit photo – Loïc Cousin

Nous lui avons posé quelques questions à propos de leur recrutement de janvier : « On a eu l’opportunité de recruter David Heinrich, qui n’avait pas été conservé par Montpellier en juin et qui souhaitait garder un lien avec le water-polo. Je remercie d’ailleurs Fabien Vasseur, le coach du MWP, d’avoir permis à David de se préparer à Montpellier. Ce dernier a immédiatement apporté un plus dès son premier match avec nous. Sa présence a permis à ses jeunes coéquipiers de gagner en maturité et en confiance. Elle a aussi été rassurante pour le groupe dans son ensemble. Le fait d’avoir David avec nous a contribué au fait de voir l’USB se stabiliser dans le haut du tableau de N1. C’est indéniable. En plus, c’est une personne qui possède un très bon relationnel et beaucoup de qualités humaines. »

Il parle ensuite de l’année prochaine et du choix de l’USB de poursuivre l’aventure en Élite : « L’année prochaine, on va vivre une saison unique dans tous les sens du terme. On fait le pari de la structuration inversée. On met un peu la charrue avant les bœufs. Le water-polo bordelais souffre d’un déficit de notoriété et de visibilité. Le fait d’être repêchés (je reste lucide, notre accession en Élite ressemble plus à un repêchage qu’à une accession gagnée au terme d’une saison complète) va nous permettre de mettre un peu en lumière le water-polo sur le plan local. On va profiter de cette saison au plus haut niveau national pour essayer de structurer le club. Après, sur le plan strictement sportif, la saison va être difficile. C’est clair et net, on ne vit pas dans le même monde. Nous qui avions déjà l’un des plus petits budgets de N1, nous ne pourrons absolument pas rivaliser avec la concurrence « dans la course à l’armement » que l’on observe aujourd’hui en Élite. L’obligation d’aligner une équipe dans le championnat U21 va permettre aux jeunes joueurs issus de la « formation brunosienne » de vivre un vrai championnat national, avec des déplacements, et des matchs, contre les meilleurs clubs français. C’est un investissement pour l’avenir. Cette montée en Élite constitue enfin un pari risqué car pouvant se retourner contre nous. On pourrait, par exemple, très bien se retrouver en N2 dans deux ans. Mais au moins, on aura tenté le pari sans nourrir le moindre regret. » Au niveau de l’équipe, « Nous ne comptons aucun professionnel du polo au niveau de notre équipe masculine. On tournait avec un budget de 60 000€ en N1 en comptant l’engagement, les déplacements et le défraiement des joueurs. Mon assistant et moi sommes bénévoles. Jusqu’à présent, j’ai toujours composé avec les joueurs issus de la formation et ceux qui arrivent à Bordeaux pour des raisons universitaires ou professionnelles. Cette saison, c’est une première depuis que j’entraîne à Bordeaux, Xavier Zenoni et moi avons pu nous appuyer sur un noyau de joueurs bordelais compétitifs à ce niveau (Mehdi Gharbi, Nestor Lincheneau, Mathéo Streiff, Louis Perrin et Esteban Gonzalez). Il convient désormais de renforcer cette équipe a minima parce que le choc de l’Élite va être brutal pour nous. »

Pour finir, il fait un point sur le championnat N1 et ses caractéristiques : « Cette année, c’était un championnat très agréable car homogène. Il n’y avait pas de match facile. Les matchs étaient indécis à chaque journée, ce qui est quelque chose de très positif. On aura donc vécu un début de vrai championnat. Gagner des matchs par avance ne provoque pas les émotions recherchées par les sportifs. Le fait d’avoir réussi à battre Aix-les-Bains a permis de pimenter la saison encore un peu plus. Parce que cette équipe était quand même au-dessus de toutes les autres, même si je pense qu’Aix n’aurait pas connu de match facile à Livry-Gargan ou à Taverny. Si les résultats ont été homogènes, l’arbitrage ne l’a pas été de son côté. Cette division, située entre la N2 et l’Élite, voit intervenir des arbitres aux niveaux différents. Si certains ont l’habitude de siffler à l’étage du dessus, d’autres arrivent de l’étage du dessous. Cette situation génère parfois des problèmes de cohérence qui peuvent aboutir à de l’énervement de la part de certains joueurs. Même si au final, la N1 masculine est la division où se déroule le plus grand nombre de matchs sur une saison, c’est aussi la division qui compte le plus grand nombre de sanctions au niveau des joueurs. Loin de moi l’idée de rejeter la seule faute sur le niveau de l’arbitrage mais cette statistique est tout de même à prendre en considération. Désigner une paire d’arbitres inexpérimentés à ce niveau sur des rencontres au résultat indécis peut avoir une incidence sur le nombre éventuel de sanctions. A contrario, désigner en N1 des arbitres habitués aux codes de l’Élite peut aussi être déstabilisant pour l’ensemble des acteurs d’un match. La bonne formule se situe sans doute dans l’entre-deux avec la mise en place d’une véritable formation continue et d’un suivi personnalisé des arbitres. Maintenant, il est certain que d’arbitrer n’est pas chose aisée, je ne veux surtout pas donner de leçons. Ceci-dit, grâce au système mis en place cette saison, la personne qui se comporte mal le samedi l’apprend tout de suite à ses dépens. C’est à mettre au crédit de la fédération et de Benjamin Mercier.»

 

Aix-En-Savoie choisit la raison

C’est encore une fois la saison presque parfaite pour Aix-En-Savoie qui compte treize victoires et une défaite. L’équipe savoyarde débute la saison en s’imposant face à Givors à l’extérieur, puis contre Saint-Jean d’Angély à domicile. Les victoires s’enchaînent ensuite : Denain, Taverny, le Racing, Bordeaux (à domicile), Harnes, Moulins, Mulhouse… Seul ombre au tableau ; cette défaite contre Bordeaux, à l’extérieur, pour un match avancé de la dix-septième journée. 

Jean-Sylvain Karsenti fait un premier bilan de la saison : « Même si la saison n’a pas été à son terme, l’objectif de faire aussi bien que l’année dernière est rempli. On a été sur la première place du podium tout le long de la saison. La feuille de route était en place et la finalité est ce qu’elle est. Je ne dirais pas forcément que j’ai des regrets pour cette saison, même si quand tu perds, tu regrettes forcément. C’est un regret ; oui et non. Oui, parce qu’on n’aime pas perdre et que forcément, quand on fait le bilan sur ce qui n’a pas été, on aurait pu mieux travailler. On perd parce qu’on prépare mal le match, c’était une période où l’on s’est relâché, ou l’on travaillait moins bien aux entrainements. Mais cette défaite-là nous a fait du bien. Il y a eu des gros relâchements pendant ces entrainements. Si on ne s’entraîne pas bien, on ne peut pas jouer correctement avec des automatismes et un jeu huilé (surtout au niveau tactique).  

En ce qui concerne l’année prochaine, le club d’Aix-En-Savoie fait preuve de prudence quant à la situation inédite : « Pour l’année prochaine, du coup, on ne va pas monter. On va faire un tout petit renouvellement de l’équipe, un petit turn-over. On va repartir sur le même projet qu’on avait, c’est-à-dire essayer de monter dans les futures années, armé et mieux structuré. Mais en mettant en place un système avec des jeunes, si possible de plus en plus issus du club. Pour l’instant, nos jeunes qui arrivent sont encore un peu trop tendre. C’est la génération 2005-2006, qui va monter et ils sont encore trop faibles pour la Nationale 1 et pour arriver premiers et monter en élite. On va essayer de prendre un peu de temps pour ça, garder des cadres et essayer de faire venir d’autres jeunes joueurs pour pouvoir à l’avenir essayer d’être compétitifs. En plus, je pense qu’avec la nouvelle réforme qu’il va y avoir, les clubs formateurs vont être impactés. Pas parce qu’on joue avec beaucoup d’étrangers mais inversement, parce que les autres clubs vont vouloir venir piocher les jeunes talents français pour pouvoir rentrer dans les clous et dans les JIFF français qui vont être demandés. Le marché des jeunes français va se corser. » Et le fait que Bordeaux ait annoncé la montée n’a pas forcément influencé leur décision : « Non. C’est marrant parce qu’il y a pas mal de personnes qui se disent la même chose. Non, après, chacun fait sa sauce. En plus, tous les clubs risquent d’être impactés financièrement par rapport à cette fin de saison et cette crise financière qu’il va y avoir. On va certainement perdre un peu d’argent sur la fin de saison (stages annulés…). L’idée est de ne pas mettre le club en péril non plus. Monter est un objectif mais on ne va pas prendre le risque de mettre le club en péril avec tous nos licenciés. C’est quand même un peu embêtant parce qu’on voulait monter mais bon, au final, la pérennité du club passe avant tout même si ce n’est pas la seule raison. C’est comme le titre, c’est dommage de ne pas récompenser les efforts. Cela n’aurait pas empêcher les gens de tomber malade mais au final d’être bien soigné. »

Crédit photo – Page Facebook d’Aix-En-Savoie – Water-Polo

Au niveau du championnat de N1, Jean-Sylvain fait un constat : « J’ai trouvé que par rapport aux autres années, les équipes et le niveau de jeu était un peu plus faible. Je pense qu’il y a trop de clubs qui n’ont pas misé sur la formation et ont trop joué sur la carte des étrangers. Mais prendre des étrangers qui n’est pas meilleur qu’un français, ça n’apporte pas forcément. C’est mon idée à moi, c’est assez personnel : mais si tu ne prends pas un étranger qui va faire progresser tes joueurs, ça ne sert à rien. Je trouve que les clubs ont voulu prendre plein d’étrangers pour faire comme en élite mais ça leur n’a pas apporté. J’ai trouvé que ça avait dévalué le niveau de la Nationale 1. »

Pour conclure, Jean-Sylvain appréhende un peu la reprise : « Je ne sais pas dans quel état tout le monde va être. Je sais que les joueurs ont fait un peu de renforcement au début du confinement mais après, ça devient compliqué. Il n’y a plus d’objectifs, on sait que la saison est finie… Puis mine de rien, le confinement a pesé sur le moral de tout le monde. Même s’il y en a quelques-uns qui ont pu rentrer pour avoir un espace vert. Mais je sais qu’il y a des joueurs qui sont dans un appart et n’ont pas de balcon donc la seule lumière qu’ils voient, c’est la fenêtre. Je m’inquiète pour mes joueurs mais aussi pour les joueurs en général et j’ai peur que la reprise soit un peu dure. »

Article rédigé par Chloé Collin.

Crédit photo en tête d’article – Loïc Cousin

Actualités 11 juin 2020