Rémi Saudadier : « Quand tu ne travailles pas, tu es sûr de ne pas y arriver, mais quand tu travailles, rien n’est gagné non plus »

Interview de Rémi Saudadier

joueur du Spandau Berlin

réalisée par France Water-Polo

Crédits photo : Instagram Rémi Saudadier

L’international français s’apprête à jouer, ce soir, sa quatrième finale du championnat d’Allemagne. Après une très riche saison avec son club (Championnat et Coupe d’Allemagne, Super coupe d’Allemagne, Ligue des Champions), Rémi et ses coéquipiers doivent encore rester concentrés deux matchs. Ce mercredi, le Spandau se déplace à Hannovre pour jouer le Waspo en finale aller et le match retour sera à Berlin samedi prochain.

En attendant, Rémi a bien voulu nous accorder un peu de temps pour répondre à nos quelques questions.

France Water-Polo : Voilà quatre saisons que tu es au Spandau et que tu vas jouer une finale du championnat d’Allemagne. Pour le moment, sur les trois précédentes, vous en avez gagné deux. Est-ce que le titre est accessible cette saison ?

Rémi Saudadier : Oui, malgré le fait que Hanovre soit un grand club, capable de beaucoup de choses, comme par exemple d’avoir tout mis en place pour organiser le Final 8. Mais également de se renforcer chaque année avec des joueurs de classe internationale, ce qui donne une certaine dynamique dans le championnat allemand et qui nous oblige à nous surpasser si l’on veut continuer en tête. Mais historiquement Spandau04 fait partie des plus grands clubs en Europe, avec 4 ligues des champions à son actif, du coup on se doit d’être ambitieux. On connaît nos qualités et nos défauts, on connaît les leurs, on aura l’avantage de jouer les playoffs en ayant fini premier de la saison régulière, du coup je ne vois pas pourquoi ce titre ne serait pas accessible.

FWP : La semaine dernière, vous avez joué la dernière journée de Ligue des Champions. Il y a un an, à la même époque, vous étiez qualifiés pour le Final 8. Cette année, vous terminez à la dernière place de votre groupe. Que vous a t-il manqué ? Est-ce le niveau qui a augmenté ?

RS : Non je ne pense pas que le niveau ait augmenté, je pense juste que l’on n’a pas été à la hauteur cette année. C’est vrai que le fait de participer au final 8 était quelque chose d’incroyable pour le Spandau car cela faisait un moment que l’on attendait ça, mais ça nous a coûté cher cette saison. On n’a pas encore cette maturité des clubs qui y participent régulièrement, on s’est vu trop beau et on avait pris ça pour de l’acquis. Du coup entre certains joueurs qui ont pris des libertés en accord avec le manager qui ne sont pas à mon sens compatibles avec le haut niveau et entre malheureusement les blessés, on n’a pas su réitérer l’exploit. Dans une interview Philippe Lucas avait dit quelque chose du genre « quand tu ne travailles pas, tu es sûr de ne pas y arriver, mais quand tu travailles, tu n’es pas sûr d’y arriver ». Je pense que c’est un bon résumé de ce qui nous manquait, c’est à dire de travailler beaucoup plus ensemble.

FWP : Les différents championnats européens ne sont pas encore terminés, mais pour autant on entend parler de toi et de ta venue dans plusieurs clubs français. Où seras-tu la saison prochaine ?

RS : Je ne sais pas encore, mes conditions actuelles sont bonnes, je suis dans un grand club, en compagnie d’un grand entraîneur avec qui je joue la Champions League, tout en étant à Berlin. De plus le club est satisfait de moi et ils veulent me garder. Du coup je pourrais rester mais j’ai aussi une autre partie de moi qui est focalisée sur l’équipe de France, qui a quand même bien changé depuis Rio et je me dis qu’à un an des jeux de Tokyo ça pourrait être un avantage d’évoluer avec des joueurs français afin d’optimiser le temps de travail en club avec celui de l’équipe de France. Donc oui je suis en contact avec certains clubs et si certaines conditions sont réunies, la raison pour laquelle je suis parti au Spandau04 sera la raison pour laquelle je rentrerai en France.

Crédits photo : Instagram Rémi Saudadier

FWP : On imagine que la coupe d’Europe et plus particulièrement la Ligue des Champions pèseront dans la balance pour faire ton choix, non ?

RS : Je suis assez mitigé sur la question du fait que le championnat français est devenu plus dense et que le calendrier avec l’équipe de France va être chargé la saison prochaine. On aura les différentes préparations, le championnat d’Europe, la qualification pour les jeux et peut être en plus la World League. Les phases de qualifications pourraient être intéressantes pour préparer la saison mais je ne sais pas encore l’effet que cela pourrait avoir de jouer la saison régulière de Champions League en plus de tout ce que j’ai cité.

FWP : Ton entraîneur, Petar Kovacevic a fait de toi un des piliers du Spandau. D’ailleurs, en Ligue des Champions ainsi que dans les gros matchs du championnat allemand tu joues en moyenne au moins trois périodes par rencontre. Tu sembles avoir passé un palier. En quoi cette expérience allemande t’a aidé dans cette progression ?

RS : Comme je parlais précédemment, le Spandau04 est un grand club et les conditions y sont bonnes pour progresser. De plus j’ai énormément de respect pour Petar et pour ce qu’il a fait avec Spandau et l’équipe de France. C’est un grand entraîneur reconnu dans le monde du water-polo. Du coup il a toute ma confiance sur la façon de faire évoluer mon jeu. Quand je suis arrivé je jouais en tant que pointe mais il m’a fait évoluer en tant que défenseur pointe. J’ai maintenant un rôle différent qui n’était pas facile à accepter au début car on passe de celui qui mets les buts et qui a tendance à briller à celui qui ne doit pas en prendre et faire le travail de l’ombre. C’est un peu frustrant au début pour l’égo mais finalement j’ai trouvé ma place et je m’épanouie maintenant dans ce rôle la. J’ai la chance d’avoir avec Petar une très bonne relation entraineur-entrainé où j’ai énormément appris et du coup il sait qu’il peut compter sur moi pendant les matchs.

FWP : Nous avons coutume de terminer nos interviews par la question « vachement con ». Avec le Spandau vous auriez fini à quelle place dans le championnat de France ?

RS : Sans hésitation premiers… en N1 ou N2, mais pour l’élite je ne sais pas, le Team Strasbourg et le CNM ont eu un beau parcours cette saison. Je peux juste dire que l’on se focaliserait pour ne pas être entre la 2ème et la 10ème places 😉

Interviews 22 mai 2019