Paul Leccia: « L’objectif c’est le championnat »

Président emblématique du Cercle des Nageurs de Marseille depuis 1990, Paul Leccia tout nouvellement premier président français a avoir ramener un titre de champion d’Europe en France est avant tout un passionné de sports qui n’hésite pas à transmettre son savoir et partager sa physionomie du water-polo. Le président marseillais nous a accordé un entretien où il revient notamment sur le titre européen mais aussi sur les objectifs futurs du club et sa vision actuelle du water-polo.

 

 

Président, tout d’abord vous êtes vous remis de ce titre de champion d’Europe ?

Oui je suis tout à fait remis, c’est quelque chose de merveilleux et d’inattendu. Nous faisons chaque fois les choses le plus sérieusement du monde. Déjà être finaliste était quelque chose de très important étant donné que jamais un club français n’avait pu le faire, et en plus de ça on gagne la coupe d’Europe donc c’est vraiment formidable pour le club, pour les joueurs, pour l’entraîneur, pour le staff et tous ceux qui ont travaillé.

 

Avec tous ces chassés-croisés dans cette finale, vous avez du passer par toutes les émotions ?

Toutes les émotions… déjà que le match aller chez nous fut rude, où on aurait du gagner de deux buts et à l’arrivée on ne le gagne que d’un, face à une formation qui nous en a quand même mis quatre d’entrée et donc menés 4 à 0. On se dit qu’on est tout petit, qu’on tombe sur des costauds, contre une nation du water-polo. Mais le fait de remonter 6-4 dans le match aller, cela m’à réellement donné de l’optimisme parce qu’on voyait qu’il y avait la possibilité. Au retour, on arrive au Monténégro où tout était prévu pour faire une grande fête, mais une grande fête pour eux.

 

Et au final, on a cette impression que rien ne pouvait arriver en défaveur du Cercle qui a fait le dos rond quand il le fallait, est-ce l’expérience engrangée des autres années à s’arrêter en demie qui paient dans un sens ses fruits ?

Je ne sais pas car l’effectif a été assez renouvelé quand même. Vous savez au Cercle des Nageurs de Marseille il y a un certain atavisme, je pense que toutes les générations passées ont apporté quelque chose au club et même aux jeunes qui pour certains ont vécu cette finale, comme les deux cousins Marion-Vernoux et Vernoux, ils sont imbibés. Si je prends Alexandre Camarasa, il est certain qu’il a en lui tout le passé du club et c’est bénéfique, c’est certain. Mais là réellement nous avons une équipe renouvelée et c’est un phénomène nouveau quand même. 

 

Pourtant peu de personnes vous mettaient vainqueurs alors que vous ne partiez qu’avec un rôle d’outsider dans cette finale ?

Complètement, c’est pour ça que c’était vraiment intéressant et quand vous me parlez de toutes les émotions que j’ai pu avoir, c’est réellement ça. Nous étions le petit poucet et nous ne l’imaginions même pas. Je trouve que les joueurs n’y ont pas pensé du tout, eux étaient dans leur finale et n’ont pas été impressionnés, par contre je dois vous avouez que moi je l’étais même si on reste un maximum optimiste, se retrouver contre une équipe comme ça en finale, ça fait un peu drôle de se retrouver dans ce monde là.

 

(Crédit photo: FFN) Le président marseillais Paul Leccia et son capitaine Igor Kovacevic

 

Notre côté Chauvin nous fait dire que cette finale est encore plus belle avec un entraîneur français à sa tête, n’est-ce pas ?

Tout à fait, c’est aussi une belle chose. Pour sa première année à la tête de l’équipe première du CNM c’est formidable, je suis très content pour lui. On a souvent eu des entraîneurs étrangers qui ont fait du bon boulot, notamment monsieur Stamenic qui nous a vraiment apporté de la qualité que l’on ne connaissait même pas. Mais je suis très heureux que ça soit un enfant du club qui ait pu en tant qu’entraîneur décrocher le titre. Marc est un garçon qui se donne à fond et qui a énormément de qualités. 

 

« Aller plus loin »

 

Président, et le « À jamais les premiers » sur le t-shirt de la victoire, c’est une idée de qui ?

C’est une idée de la communication (rire), je dois vous avouer quand on me l’a dit j’ai rit un peu. C’est un joli petit clin d’œil, mais si on m’avait demandé mon avis je ne sais pas si j’aurais accepté, en tout cas ils ont bien fait de ne pas me demander, au final c’est très bien passé.

 

On imagine que ce trophée européen peut-être un accélérateur de plus pour le Cercle des Nageurs de Marseille, quelles peuvent être les conséquences souhaitées ?

S’apercevoir déjà que tous les efforts et le travail mis en place fonctionnent nous fait dire qu’il faut qu’on continue sur cette voie qu’on aille même certainement plus loin puisque d’autres rendez-vous nous attendent dont le championnat de France dans un premier temps. Je vous avoue que je vivrais très mal d’avoir décroché l’Europe et ensuite de se faire épingler le titre de champion de France. Ce titre doit nous encourager dans la poursuite de ces progrès.

 

Ce titre de champion de France est donc l’objectif numéro un de cette saison ?

Oui totalement.

 

Parlons un peu de votre club Président, son fonctionnement est une référence depuis un certain nombre d’années, pouvez-vous nous en dire un peu plus ? 

C’est un club créé en 1921 géré selon la loi 1901, et nous avons la chance énorme d’avoir des membres qui font partie du club qui sont là que pour le ludique et d’autres sont là que pour le sport. L’article premier de nos statuts, c’est le sport envers la jeunesse et l’omnisports avec deux sports, la natation et le water-polo. Tous nos membres ont bien compris que c’est grâce à ces sports qu’on peut continuer notre dynamique. Moi je suis très heureux quand nos membres sont contents, et des résultats et des lieux, mais la réalité qui nous fait vibrer et nous motive c’est bien évidemment la natation et le water-polo. Aujourd’hui nous avons un directeur sportif qui gère les deux sports et c’est une nouveauté depuis cette année puisqu’auparavant on avait une commission water-polo et une commission natation qui était chacune indépendante. Aujourd’hui leur patron c’est le même en la personne de Romain Barnier qui pour sa première année a lui aussi de la réussite.

 

Peut-il être un modèle pour les clubs en France qui souhaite développer le water-polo ou encore franchir une étape?

Vous savez, c’est mon leitmotiv, chaque fois qu’on me demande de prendre la parole que ce soit pour les piscines, que ce soit pour les salles de sport ou pour les terrains de football, je crie haut et fort que j’aimerais que tous les clubs puissent avoir la chance d’avoir le droit de vivre dans ces lieux, parce que pour moi ce sont des lieux de vie et pas uniquement des lieux de sport. On ne peut pas se contenter de matchs que le samedi et le dimanche après-midi, il faudrait que les clubs puissent vivre dans ces lieux, qu’ils puissent les gérer, y faire un restaurant par exemple ou différentes autres activités. J’aimerais que tout le monde puisse avoir la chance que nous avons parce que ça ferait évoluer le sport vers le plus haut niveau et franchir une étape.

 

(Crédit photo: calanquesdedieu.canalblog.com) Le Cercle des Nageurs de Marseille

 

En continuant de rêver, est-ce que l’arrivée un jour d’investisseurs dans le water-polo est envisageable et est-ce que cela serait une bonne chose pour le water-polo français ?

Pour vous dire la vérité, je ne crois pas parce qu’en général ces gens là sont attirés par l’argent. Si ces personnes ou sociétés n’étaient attirées que par le sport, là je dis que c’est possible. Mais pour l’instant dans le water-polo quand vous prenez un bilan, il y a deux colonnes, celle des dépenses et celle des recettes, la réalité chez nous est qu’il n’y a qu’une colonne, celle des dépenses et en général cela n’attire pas les foules.

 

« Nous devons passer par la qualité »

 

Ne manque t-il pas selon vous la présence de gros clubs dans des villes importantes comme Lyon ou Paris, même si Noisy-le-Sec fait du très bon travail mais n’est qu’en banlieue parisienne ?

J’en suis convaincu mais je pense aussi que Noisy-le-Sec peut être ce club là parce qu’avec les Jeux Olympiques de 2024 et les piscines qui vont se créer ça ne peut être qu’une bonne chose pour eux. J’admire ce club, leur présidente est très dynamique et elle est entourée d’une équipe qui en veut, Noisy fait des progrès chaque année. Plus il y a de la qualité plus nous sommes contents, et ça ne peut aller que par là, qu’elle soit à Paris ou dans d’autres villes mais effectivement Paris mérite une grande équipe, il y a eu le Racing, pourquoi pas une équipe de water-polo au PSG.

 

Est ce que ça passe aussi par augmenter le nombre de clubs dans le championnat ? 

Je ne suis pas pour le nombre, je suis pour la qualité. Aujourd’hui si vous mettez quinze clubs, vous allez avoir des dépenses supplémentaires et vous n’avez malheureusement pas la qualité d’en avoir quinze. On en a dix c’est déjà pas mal et c’est déjà quelques fois un peu déséquilibré mais on aimerait bien sûr qu’il y ait de plus en plus de clubs de haut niveau, c’est un sport tellement agréable, tellement intéressant mais nous devons passer par la qualité.

 

Nous avons l’habitude de terminer nos interviews par la question « vachement con », peut-on imaginer un jour un Classico du water-polo CNM / PSG ? 

Ah ça serait pas mal parce qu’ici on aime bien l’OM et en ce moment ils ont besoin absolument de renfort donc si on peut leur apporter un coup de main, on peut l’imaginer (rire).

 

 

Article réalisé par France water-polo
Actualités 8 mai 2019