Nenad Vukanic, « il faut travailler et nous nourrir de ces expériences pour progresser »
Interview de Nenad Vukanic
Entraineur de l’Équipe de France Masculine
Presque une semaine après le Tournoi de Qualification Olympique où la France n’est pas passée bien loin de récupérer un billet pour Tokyo, nous avons rencontré l’entraineur, Nenad Vukanic, pour qu’il nous parle de son ressenti sur la compétition.
France Water-Polo : Quel bilan tires-tu de ce TQO ?
Nenad Vukanic : J’ai commencé à regarder les matchs mais je n’ai pas encore tout vu. Pour le moment, je me conforte dans l’idée que les garçons étaient très motivés et ont cru en leur chance. On a fait des erreurs et certaines plus importantes que d’autres, mais on a aussi su trouver la force pour les rattraper. Je peux dire que nous avons mérité de jouer ce quart de finale face à la Grèce et que nous avions le niveau. On manque encore d’expérience et c’est surement ce qui nous a coûté notre place en demi-finale. Il faut continuer à travailler, il faut que les garçons apprennent des grands joueurs avec qui ils évoluent en club et surtout qu’ils prennent une place de plus en plus importante au sein de leur équipe et qu’ils soient encore plus visibles dans le championnat.
FWP : Il manquait deux joueurs clés à l’équipe de France (Remi Saudadier et Alexandre Camarasa). Est ce que le résultat final aurait été différent avec eux ?
NV : C’est très difficile de répondre à cette question. L’équipe qui est sélectionnée est la meilleur au moment T. Cette jeune équipe est pleine de potentiel et c’est pour celà que je préfère regarder vers l’avant que dans le passé. C’est sûr qu’il nous manquait une pointe comme Alexandre pour aider Thomas Vernoux. C’est sûr aussi que c’est difficile de remplacer une défense pointe du niveau de Rémi Saudadier. On va devoir travailler pour combler ce manque. Mais d’un autre côté, on voudrait garder cette vitesse et cette agressivité qui est l’une des forces de ce groupe.
FWP : Qu’a-t-il manqué à cette équipe de France pour se qualifier ?
NV : Nous avons certains joueurs qui ont déjà une grande expérience du très haut niveau, mais d’autres le découvrent à peine. Comme je le disais juste avant, il nous a manqué une pointe pour aider Thomas. Il a fait un super tournoi et a joué une grande partie des huit matchs mais j’avais aussi très peur qu’il se blesse avec la fatigue. On a pu compenser avec Pierre-Frédéric, Enzo et Mehdi mais c’est sûr que cela aurait été mieux avec une vraie pointe de métier. Thomas est un très bon joueur et représente l’avenir de cette équipe de France. Il faut qu’on l’aide à grandir et qu’on le mette dans les meilleures dispositions.
FWP : Quelle a été la force de la France durant ce TQO ?
NV : Il y en a eu plusieurs. La relation entre les garçons étaient peut-être la principale. Ce mélange entre les joueurs expérimentés et les plus jeunes a parfaitement pris. Ils parlent beaucoup ensemble, s’amusent et se font des blagues… L’ambiance et le bien être se font ressentir au sein de ce collectif. Le mental et la motivation ont également beaucoup joué. Les joueurs étaient motivés et déterminés à vivre ce rêve.
FWP : L’équipe est très jeune et avec beaucoup de potentiel. Que peut-on espérer pour Paris 2024 ?
NV : On ne se cache pas, on aimerait ramener une médaille. Ce serait exceptionnel. Tout le monde se bat pour cela, que ce soit le staff, les joueurs, la FFN, les clubs… Nous avons fait un stage super à Marseille en préparation et nous avions tout ce qu’il nous fallait à disposition.
C’est un long chemin et on a encore beaucoup de travail à réaliser. On a du retard sur les grandes nations et il faut qu’on le rattrape. On doit se confronter encore plus souvent à elles pour progresser et nous nourrir de ces adversités. Cet été, n’étant pas qualifiés pour les Jeux, nous n’auront que les Universiades pour travailler. Sept joueurs de cet effectif peuvent intégrer l’équipe de France Universitaire et il sera important d’y faire un bon résultat. C’est notre objectif.
FWP : Voilà quelques jours que vous êtes rentrés. Quel sentiment domine : celui de la frustration d’avoir perdu aux tirs aux buts face à la Grèce et d’être passé à côté d’une qualification pour les JO, ou celui de la satisfaction d’avoir plus que rivalisé avec des grandes nations du water-polo mondial ?
NV : Les deux sentiments sont bien évidemment présents. Quand tu vois que tu es si proche de réaliser cet exploit et que la France aurait pu participer à trois Olympiades consécutives, tu es forcément frustré. Maintenant, il y a aussi beaucoup de satisfaction car on a fait souffrir plusieurs équipes dont la Grèce, en quarts de finale, que nous avons amenée aux Tirs aux Buts. Ils avaient plus d’expérience de ce genre de match et donc une bien meilleure gestion du stress pour aborder cette séance de pénaltys. Je préfère, même si cela fait plus mal, de perdre ainsi plutôt que de trois ou quatre buts d’écart.
Je ne cesse de le dire, mais il faut travailler et nous nourrir de ces expériences pour progresser. Après cette défaite, on a su rester soudés et relever la tête dès le lendemain contre le Canada. On doit progresser dans la constance et rester concentrés du début à la fin pour être compétitifs face aux grandes équipes.

