Milos Scepanovic, « chaque réussite commence par un rêve »

Interview de Milos Scepanovic

Entraineur du Cercle des Nageurs de Marseille

Une semaine après le premier tournoi de la Ligue des Champions, nous avons rencontré Milos Scepanovic, l’entraineur du CNM, qui est revenu sur ces trois jours de compétition et sur les trois défaites de son équipe.

France Water-Polo : Quel bilan tires-tu de ce premier tournoi ?

Milos Scepanovic : Avant le tournoi, on avait préparé tous les matchs de la même manière. Notre objectif n’était pas seulement d’aller chercher des points. On voulait montrer qu’on était une bonne équipe et qu’on pouvait rivaliser avec tout le monde. On a montré de très belles choses face à Pro Recco et Jug Dubrovnik et prouvé qu’on avait le potentiel de rivaliser avec les grosses équipes. Mais il faut qu’on grandisse encore car même si on a perdu d’un ou deux buts à chaque fois, la différence est là au très haut niveau. Contre Jug, on était très largement menés et on a su se remobiliser pour remonter au score et on n’est pas passé loin d’égaliser. On y a laissé beaucoup de forces, aussi bien physiques que mentales qui se sont ressenties contre Ortigia. Cet état d’esprit est aussi une grande force sur laquelle on doit s’appuyer.

On a aussi fait un bon match contre Ortigia qui est une équipe très expérimentée et qui se connaît très bien. Elle joue simple et pratique un très beau water-polo. C’est très difficile de s’organiser face à cette équipe qui prend finalement peu de risques. Malheureusement on n’est pas parvenus à les battre. Il faut maintenant travailler et tirer des leçons de ce premier tournoi pour continuer à progresser. C’est une conduite qu’on s’est fixée pour la suite.

Malgré les défaites, je suis très content du comportement de mes joueurs et de leur volonté dans le jeu.

Les Marseillais veulent trouver leur propre identité (Crédits Photo : Facebook Les supporters CNMarseille Water-Polo)

FWP : Est ce que cette défaite est problématique pour la suite où est ce qu’elle est rattrapable ?

MS : Tout est possible dans notre groupe. Au prochain tournoi on doit jouer deux fois l’Olympiacos et deux fois le Spandau et je pense que ce sont quatre matchs que l’on peut gagner. Face au Spandau, on a toutes nos chances. C’est une bonne équipe qui a des joueurs expérimentés en Ligue des Champions, mais qui reste à notre portée. L’Olympiacos est aussi une équipe jouable même si on sait que c’est une grosse cylindrée du Water-Polo mondial. Comme je le disais avant, il va falloir qu’on étudie nos erreurs, tirer les bonnes conclusions et préparer comme il se doit les deux prochains tournois.

FWP : Que manque-t-il pour pouvoir inverser la tendance et remporter trois victoires ?

MS : Sincèrement, je ne pense pas qu’il faille changer beaucoup de choses. Il faut qu’on continue de croire et de penser qu’on est sur la bonne voie et travailler dans ce sens. La Ligue des Champions est une compétition très difficile et qui se joue souvent sur des détails. Avant de commencer à gagner, il faut d’abord sentir ce que c’est que de jouer contre les meilleurs joueurs du monde. C’est une étape à passer. Cette expérience doit nous aider à progresser aussi bien individuellement que collectivement. Vu le travail fourni à l’entrainement, on mérite d’être récompensés de notre travail. Sur ce tournoi, on a fait trois défaites et bien évidemment, on aurait aimé un autre résultat, mais je reste vraiment satisfait de nos performances et j’espère qu’on remportera rapidement notre première victoire.

FWP : Un Final 8 est il envisageable ?

MS : On ne doit pas regarder trop loin devant. Le Final 8 est encore loin et il ne faut pas se focaliser encore dessus. Il faut qu’on garde en tête qu’on doit encore progresser et prendre les matchs les uns après les autres. On est encore en train de chercher notre identité dans cette Ligue des Champions et il ne faut pas brûler les étapes. Comme je l’ai déjà dit, on va chercher à tirer les enseignements du premier tournoi et réitérer les belles performances réalisées en Championnat et face à Pro Recco et Jug. Si on se qualifie pour le Final 8, ce sera bien sûr quelque chose de géant et on fera tout pour y parvenir, mais il n’est pas encore temps d’y penser. Pour le moment, on a la tête orientée vers le prochain tournoi et les doubles confrontations contre le Spandau et l’Olympiacos.

Vladan Spaic (à droite) et Andrija Prlainovic (à sa gauche) sont deux des trois recrues Marseillaises de l’intersaison (Crédits Photo : Facebook Les supporters CNMarseille Water-Polo)

FWP : Et un titre de Champion d’Europe ?

MS : Pour l’instant, ce n’est pas un objectif, c’est un rêve. Mais chaque réussite commence par un rêve. Dans le sport, il est permis de se fixer des objectifs très hauts, mais il faut savoir les oublier à certains moments pour rester concentré sur les échéances les plus proches. Avant les prochains tours, il y a la reprise du championnat de France qu’il ne faut pas négliger. Il faut s’en servir pour progresser et répéter mille fois les choses travaillées pour qu’elles deviennent des automatises. On continue de construire notre façon de jouer et de créer notre identité. Un jour j’espère qu’on sera reconnus dans le monde du Water-Polo et qu’on sera champions d’Europe. Mais ce n’est encore d’actualité, il y a trop d’incertitudes dans le sport. On ne sait pas comment va évoluer cette année en Ligue des Champions. Pour le moment, on est bien présents, il n’y a rien de perdu. On espère réussir à gagner des matchs, lors du prochain tournoi, avec un bon état d’esprit, et on pourra alors commencer à faire des calculs.

FWP : Selon toi, quels sont les clubs qui ont le plus impressionné sur ce premier tournoi ?

MS : Dans notre groupe, c’est clair, c’est Recco et Jug qui semblent être favoris. Ce sera intéressant de voir la confrontation entre ces deux clubs lors du prochain tournoi. Derrière eux, l’Olympiacos a montré un bon niveau de jeu malgré les départs qu’ils ont connu à l’intersaison. Dans l’autre poule, Brescia, Barceloneta et Ferencvaros ont tenu leur rang de favori. S’il y a une nouveauté c’est l’évolution de Brescia qui s’est bien renforcé cet été et qui peut faire de belles choses en Ligue des Champions.

FWP : On a tendance à penser qu’avec tous les transferts de l’été dernier, le championnat de France fait partie des meilleures d’Europe. Y a-t-il une grande différence entre l’élite et la Ligue des Champions ?

MS : Le championnat de France a grandi. On en parle comme l’un des meilleurs du monde et l’un des plus intéressants. C’est une très bonne chose pour nous, comme pour les autres équipes car c’est ce qui permet de bien progresser, surtout pour les jeunes poloistes. On a pu voir que tous les clubs français qui ont joué la Coupe d’Europe cette année ont montré de très belles choses et c’est très encourageant pour le Water-polo français en général. Je pourrais dire beaucoup de bien sur l’élite et sur toutes les équipes. On a aussi pu jouer toute la phase aller de ce championnat, ce qui prouve le bon travail de la fédération. J’en suis très content.

Mais c’est vrai aussi qu’il n’y a aucun championnat qui équivaut à la Ligue des Champions. Cette coupe d’Europe a quelque chose de particulier, notamment au niveau de l’ambiance, surtout dans cette formule de tournois. Malgré tout, avoir un championnat relevé comme le nôtre nous permet d’avoir de l’adversité et nous aide à nous préparer et à grandir. C’est donc une excellente chose pour nous mais aussi pour les autres clubs et l’équipe nationale.

« Il n’y a aucun championnat qui équivaut à la Ligue des Champions » (Crédits Photo : Facebook Les supporters CNMarseille Water-Polo)

Une – Crédits Photo : Facebook Les supporters CNMarseille Water-Polo
Actualités 27 décembre 2020