Mathieu Peisson : équipe de France et projets perso… il nous dit tout

Interview Mathieu Peisson

France Water-Polo

 

On parle moins de Mathieu Peisson ces derniers temps. Le natif de Sète est retourné dans sa ville natale la saison dernière. Après une première année réussie où ils ont manqué de peu les play-off, les résultats sportifs ne sont pas au rendez-vous cette saison.

A 34 ans, celui qui a fêté ses 20 ans de carrière cette année prépare aussi son avenir. Inscrit à l’UFR Staps de Montpellier en licence professionnelle « Gestion et Développement des Organisations, des Services Sportifs et de Loisir », il a aussi un contrat chez Comiti qui édite un logiciel pour les clubs de sport.

Nous le remercions de nous avoir accordé de son temps pour répondre à nos questions.

 

La saison au Sète Natation est plus difficile cette année, à quoi cela est-il dû ?

Le club a malheureusement connu des problèmes financiers la saison dernière mais n’a pas voulu être remis à flot ou aidé par la mairie et a donc décidé de rétablir les finances par lui même. De ce fait, il a fallu alléger la masse salariale et nous avons dû nous séparer de 4 de nos meilleurs joueurs et de l’entraîneur ! Il a donc aussi fallu faire monter 7 jeunes de – de 19 ans (ce dont ne peuvent pas se targuer beaucoup de clubs de Pro A cette saison…) et Joseph Britto CTR de la zone Med ayant arrêté d’entraîner depuis 4 ans et venu donné un coup de main. Les jeunes sont à l’université et 3 de nos joueurs majeurs travaillent à côté ainsi que moi même plus les cours à la fac. Il y a donc beaucoup d’entraînements où nous ne sommes pas au complet et donc cela affecte la qualité des entraînements, le contenu, le travail et les résultats de l’équipe bien évidemment ! Il va falloir serrer les dents mais nous sommes tous disposés et motivés pour surmonter ensemble cette période difficile !

 

Quand on vient de vivre l’aventure des Jeux Olympiques, n’est ce pas un peu dur ?

Il est évident que cela a été un choc, le retour à la réalité a été très très dur a encaisser pour moi. J’ai même fais une petite dépression, car quand on a connu l’Everest, à quoi peut on s’attaquer ensuite ? Quand on a connu l’incroyable expérience que sont les Jeux Olympique et quand on connaît notre parcours et ce que nous avons dû souffrir et sacrifier pour y arriver, c’est encore plus dur de se remotiver et de se dire que la fin est proche, quand le projet sportif est de se maintenir avec un équipe très diminuées et des moyens tout aussi diminués… il a été difficile pour moi d’en parler ou de partager cette expérience, et la difficile période que j’ai passée, car c’est une expérience unique qu’on ne peut que vivre et pas raconter ! Je me suis alors un peu isolé du monde mais grâce à mes amis formidables et a ma famille j’ai pu passer le cap ! Aujourd’hui j’essaye de rester positif, de laisser venir les choses et laisser partir celles qui s’en vont. C’est la vie, il faut relativiser sinon on devient fou, j’essaie de m’impliquer plus dans l’équipe comme dans le club et en attendant des jours meilleurs, avancer sur mes projets personnels et on verra plus tard comment tout cela evolue !

 

Comment vis-tu le fait de ne pas être sélectionné en Équipe de France ?

Cela a sûrement été encore une fois une des plus grosse claque depuis Belgrade 2016, car je n’ai jamais dit que je voulais arrêter l’Équipe de France, jamais ! Florian Bruzzo qui arrête l’équipe de France masculine pour les féminines et un nouvel entraîneur en “contrat d’intérim” pour le moment en attendant les élections, entraîneur avec qui j’ai eu le plaisirs d’échanger lors de France – Croatie mais dont je ne vois pas forcément le retour de la discussion que l’on a eu ! Est-ce dû au fait que depuis les JO tout les monde veut sa part du gâteau, mais quel gâteau ? Tous ces clubs, dirigeants, entraîneurs qui nous ont craché dessus et peu soutenu durant 4 ans aujourd’hui veulent se servir de l’équipe de France pour faire briller leurs clubs et essaient de placer des joueurs qui n’ont rien à faire, tout ça pour dire on a un joueur en équipe de France… On me parle de jeunes… Oui je suis d’accord c’est important car c’est l’avenir ! Mais le Handball, le plus gros sport de tous les temps, fonctionne sur l’incorporation des jeunes par les anciens et aujourd’hui on veut me vendre qu’après 18 ans de sacrifices et de souffrance pour l’équipe de France on va donner leur place toute rôtie à des jeunes de 18 ans n’ayant jamais rien prouvé en championnat de France, et participer à un Championnat du Monde cet été alors que cela fait plus de 20 ans qu’on se bat pour…  C’est un manque de respect par rapport à des joueurs comme moi avec tout ce qu’on a fait, et d’autres sont dans le même cas… l’entraîneur fait-il vraiment ses choix ou les fait-on à sa place… ? Pourquoi ne pas se servir des « vieux » et de leur expérience pour accompagner ces jeunes qui feront sans doute l’équipe de France de demain pour 2020 ? 4 ans c’est long. Qui peut dire que les 100% des jeunes appelés ces derniers mois feront parti de l’équipe de France de 2020 et serviront a cette même équipe de France pour de possible performances ? Personne… Nous avons la chance aujourd’hui d’avoir des bases solides. Pendant des années, l’équipe de France ne possédait pas de joueurs de plus de 28 ans car ils préféraient partir bosser plutôt que faire 2 mois de stage ! Aujourd’hui c’est possible et on me dit presque qu’on va nous faire une cérémonie pour service rendu… Il faut arrêter tout ça ! Qu’on nous prouve d’abord que tous ces jeunes sont meilleurs que moi et que d’autre « vieux  » ou joueurs de cette équipe de France (Rio 2016) et on verra après. Je partirais même de moi même sans rien dire…

 

Tu prépares donc ta reconversion, quelles sont tes ambitions ?

Oui, à 34 ans il est plus que temps pour moi d’envisager un avenir proche de la fin de ma carrière même si c’est pas pour de suite… Depuis septembre, j’ai intégré la « Licence Professionnelle Gestion et Développement des Organisations des Services Sportifs et des Loisirs », de l’UFR STAPS qui me permettra de valider un bac +3 et d’enchainer sur un Diplôme Universitaire et avoir une équivalence Master 1. Pas mal pour pour un p’tit poloïste…. 😉 ! C’est une Licence qui aborde entre autre le sponsoring, le marketing, la communication, la vente, la gestion et l’organisation d’événements, marketing digital etc… avec des intervenant de l’économie du sport de très grande qualité qui viennent avec nous partager leurs expérience du métier. Je fais aussi mon stage au club de Sète car la formation comprend 400 heures de cours et 400 heures de stage ! De plus j’ai eu la chance et le plaisirs, depuis octobre, de rejoindre l’équipe Comiti en tant que commercial. Comiti est un gros et superbe projet créé par Arnaud Roussel. C’est un logiciel de gestion et de développement pour les clubs et associations sportives, un projet magnifique dans lequel je crois beaucoup car il va pouvoir permettre aux clubs de Water-polo de se structurer, de se développer, de travailler sur leurs bases adhérents et, à terme, d’augmenter leurs activités et générer des ressources, dans une période où les subventions collectives baissent. Il est plus que temps que les clubs se mettent à travailler comme il faut avec les outils d’aujourd’hui. Évoluer et travailler avec cet outil permet de gagner du temps, d’économiser de l’énergie et d’être plus efficace. C’est pourquoi j’ai rejoint l’équipe pour faire comprendre au monde du Water-polo l’importance d’un tel projet et qu’il est grand temps de nous prendre en mains. Nous ne nous rendons pas compte du potentiel que nous avons en nous pour faire de notre sport un grand sport et cela passera par les club car nous avons un gros retard sur l’étranger. Les clubs, en Europe, s’auto subventionnent à 78/80%. En France, 64% seulement. Comiti est la solution pour y arriver ! Encore faut-il le vouloir et croire en nous. Quelques clubs de Water-polo ont déjà adhéré. Les autres doivent suivre !

yes we can 😉 :p

Actualités 21 février 2017