Interview Nenad Vukanic : Le talent est très important, mais le travail l’est encore plus

Interview de Nenad Vukanic

Entraineur de l’Equipe de France Masculine

réalisée par France Water-Polo

 

France Water-Polo : Vous avez terminé dernier de votre groupe en World League avec quatre défaites en quatre matchs. Pour autant, notre équipe de France a su bien rivaliser face à deux grandes nations du Water-polo mondial (l’Italie et le Monténégro). Quel bilan tirez vous de ce tournoi ?

Nenad Vukanic : Je ne peux bien évidemment pas dire que je suis satisfait d’une élimination. On aurait aimé passer au tour suivant pour jouer de grosses équipes et continuer de progresser, mais le niveau du groupe était très relevé. En ce qui concerne chacune des rencontres de World League, j’ai sacrifié le premier match, en Italie, car il y avait un quart de finale d’Eurocup entre Strasbourg et Marseille. Je n’ai pris aucun joueur de ces deux équipes pour les laisser se préparer avec leur club. On n’aurait probablement pas gagné mais on aurait fait un meilleur résultat. Le second match était bien meilleur, mais le Monténégro était en forme. Il venait de battre l’Italie (aux tirs aux buts) lors de la journée précédente. En ce qui nous concerne, on manquait encore de confiance et d’expérience. Les deux dernières rencontres ont été bien plus prometteuses pour le futur.

Après chaque match, nous faisions un stage pour pouvoir continuer à travailler ensemble. Lorsqu’on jouait à domicile, nous restions travailler avec un club français (Pays d’Aix puis Marseille) pour les aider eux aussi à progresser. Après le match en Italie et au Monténégro, nous sommes restés sur place pour jouer des équipes locales.

Cet été, on va faire deux tournois (à Budapest et en Espagne). C’est une bonne chose car on n’est pas encore une grande nation de Water-Polo et du coup, on nous invite moins souvent. Sinon, l’atmosphère, au sein du groupe, est bonne. Les joueurs ont plaisir à se retrouver à chaque fois.

Crédits photo : Facebook Team France Water-Polo

F.WP : Vous avez testé plusieurs joueurs, mais on constate quand même une ossature d’une dizaine de joueurs qui sont fréquemment présents dans vos listes. Avez-vous déjà trouvé votre équipe définitive ?

N.V. : Je cherche le groupe qui nous qualifiera pour les Championnats d’Europe, en janvier 2020 à Budapest. Il faut qu’on y participe. On veut créer une équipe composée de joueurs expérimentés et de joueurs prometteurs. On aura un mois pour préparer les Universiades, qui seront gérées par Yann Clay, et aussi pour préparer l’avenir. C’est important que les jeunes qui intègreront l’équipe de France plus tard (ceux qui sont nés en 1999 et 2000) ne s’arrêtent pas de travailler. Au total, ce ne seront pas loin de 25 joueurs qui feront partie du groupe France. Participer aux Championnats d’Europe est une priorité pour nous. Il faudra aussi décrocher une bonne place pour avoir le droit de participer au TQO et rêver d’une nouvelle olympiade en 2020. Si on ne se qualifie pas, on pensera à Paris 2024, mais pour le moment, on vise Tokyo.

Crédits photo : WP Inside

F.WP : Est ce que certains jeunes pourraient devenir des cadres dans un futur proche ?

N.V. : Oui, bien sur, et c’est le but. Je ne veux pas dire de noms car ils doivent encore travailler et beaucoup de choses peuvent changer d’une année sur l’autre. Il est donc trop tôt pour le dire. Nombreux d’entre eux ont les qualités nécessaires pour devenir de grands joueurs, mais peut-être pas encore de vrais leaders. Le talent est très important, mais le travail l’est encore plus.

F.WP : En ce qui concerne les gardiens, vous tournez beaucoup entre Remi Garsau, Hugo Fontani, Billy Noyon et Clément Dubois. Est ce que Vous avez établi une hiérarchie entre eux ?

N.V. : J’ai parlé avec Rémi et Hugo après les championnats d’Europe. A chaque match je n’en convoque qu’un des deux avec un autre gardien. Tout d’abord parce que je me vois mal faire venir un joueur aussi expérimenté que Rémi Garsau, qui a tant donné au Water-Polo, et ne le faire jouer que deux périodes ou pas du tout. Je préfère que ces deux gardiens jouent un match complet à chaque fois. J’aimerais aussi qu’Hugo montre à Rémi qu’il peut prendre sa place. Ensuite, ce fonctionnement me permet de donner la chance à d’autres gardiens et de laisser une concurrence saine entre eux.

Crédits photo : Léa Sangiorgio

F.WP : Nous avons coutume de terminer nos interviews par la question « vachement con ». En tant que Monténégrin et ancien joueur de Marseille, qui allez vous supporter pour la finale de l’Eurocup ? Et qui est favori selon vous ?

N.V. : C’est mitigé. Dans un sens, je suis à fond derrière Marseille. C’est le club dans lequel j’ai commencé à entrainer et j’ai également plusieurs joueurs en équipe nationale qui y jouent. Ce serait une excellente chose pour la France et pour l’équipe nationale que Marseille remporte cette coupe d’Europe. C’est important d’avoir un esprit de vainqueur. Un match se gagne même avant de commencer. Avoir un esprit conquérant est primordial. Cela pourrait aussi donner envie à d’autres clubs et les pousser à travailler encore plus pour atteindre ce genre de performance.

Mais j’ai aussi de grands amis à Jadran qui nous ont d’ailleurs accueilli lors du dernier stage.

Que le meilleur gagne. Les deux équipes peuvent remporter le titre et ce sera, quoiqu’il arrive, historique pour un club.

Interviews 26 mars 2019