Interview croisée de Thomas Saux et Lucas Veron

Interview croisée de Thomas Saux et Lucas Veron

joueurs du Pays d’Aix

Thomas Saux et Lucas Veron ont connu une carrière assez similaire. Tous deux issus du 93, respectivement de Livry-Gargan et de Noisy-le-Sec, ils se sont retrouvés au Pays d’Aix Natation où ils ont découvert la coupe d’Europe et sont devenus de véritables cadres au fil des saisons. Malheureusement pour Alexandre Donsimoni, les deux parisiens ont décidé de mettre un terme à leur carrière de joueur. A l’image de leur choix de joueur, les deux hommes vont continuer dans la même voie professionnelle puisqu’ils sont déjà tous deux Podologues…

Nous les avons tous deux contacté afin qu’ils reviennent, pour nous, sur ces magnifiques années et sur leur futur.

France Water-Polo : Vous aurez tous les deux vécu une carrière assez proche finalement avec des débuts dans le 93 puis une fin au Pays d’Aix Natation. Qu’est ce que vous allez retenir de cette carrière ?

Thomas Saux : Avant tout, une aventure humaine incroyable avec des rencontres et des amitiés créées grâce au water-polo dans le monde entier et de partager réussites et désillusions avec mes coéquipiers. Cela m’a permis de quitter le cocon familial très tôt, et le 93… pour m’installer dans le Sud où je resterai. Je suis aussi devenu l’homme que je suis aujourd’hui grâce à ma carrière de poloïste. Je retiens les week-end de déplacements, les matchs à domicile avec le meilleur public, les heures d’entraînement en fin de journée avec les coéquipiers, les heures de natation sans toucher un ballon, les ronfleurs de l’équipe avec qui il ne fallait pas dormir à l’hôtel, mes altercations de syndicaliste avec les coachs, les aventures européennes, les victoires dans les derbys Noisy-Livry et Marseille-Pays d’Aix, mes fautes et EDA, mes coups de sang et nos grandes joies…

Lucas Veron : Je vais retenir toutes les personnes qui m’ont accompagné, fait grandir, aimer ce sport et qui m’ont permis d’atteindre le plus haut niveau, que ce soit à Noisy-le-Sec, mon club formateur, à l’INSEP, au Pays d’Aix qu’aux différentes équipes de France par lesquelles j’ai pu passer et qui m’ont permis de vivre de très belles aventures aussi bien en France qu’en compétitions internationales.

FWP : Quel est votre meilleur souvenir, que ce soit dans les jeunes catégories ou chez les seniors ?

TS : Dans les jeunes catégories ce serait la participation aux Championnat du monde Juniors en Croatie avec une énorme préparation et une équipe de dingue avec déjà Coach Donsimoni. En Séniors, la victoire en demi-finale du Championnat de France aux matchs aller-retour face à Marseille dont l’issue s’est décidée aux tirs aux buts.

LV : Mon meilleur souvenir si je ne dois en choisir qu’un, est l’aventure des Universiades de Gwandju en 2015, mais il y en a eu bien d’autres.

Thomas Saux (Crédits Photo : Sylvain Sauvage)

FWP : Et le plus mauvais ?

TS : Du coup, la finale perdue face à Strasbourg, qui n’aura pas eu la même issue qu’en demi-finale… ainsi que ma non-sélection aux Universiades après une saison individuelle aboutie.

LV : Difficile à dire, j’ai aimé ce sport et la vie d’équipe de manière générale que ce soit dans les victoires comme dans les défaites, mais je dirais certains déplacements où il fallait faire des heures de voitures ou de minibus avec un aller retour dans la journée.

FWP : Une anecdote ?

TS : J’ai créé mon Cabinet de pédicure-podologue… à 200 mètres du Cercle des Nageurs de Marseille… (!)

LV : Il y en aurait pleins. J’ai toujours été très travailleur, je me rappellerai toujours le surnom que m’avait donné plus jeune un des meilleurs entraîneurs que j’ai eu et qui m’a permis de franchir un cap à l’époque, qui n’était autre que « le professionnel ». Ça m’est resté et j’ai toujours gardé cette ligne de conduite.

FWP : Qu’est ce qui a motivé votre fin de carrière ?

TS : Difficile d’enchainer les journées de podologue avec les entraînements, mon niveau régressait, et je clos ma carrière de 20 longues années consacrées à ce sport.

LV : La vie personnelle avant tout. Depuis ma signature au Pays D’Aix Natation, le club m’a permis de travailler en parallèle et j’ai pu développer mon activité. De très grosses journées professionnelles en plus du Water-polo qui commençaient à peser et à prendre beaucoup trop de temps sur la vie personnelle et donc forcément de couple.

FWP : Quel chemin professionnel allez-vous prendre maintenant ?

TS : Créateur d’un Cabinet de pédicurie-podologie depuis Mai 2019, je vais poursuivre cette voie, ma reconversion étant toute tracée.

LV : Je vais rester à Aix en Provence où je suis bien installé et où j’ai développé mon Cabinet de Podologie depuis 5 ans maintenant et qui tourne très bien.

Lucas Veron (Crédits Photo : Sylvain Sauvage)

FWP : Avec les quelques départs annoncés, si Alexandre Donsimoni vous demandait de signer pour une dernière saison, vous le feriez ?

TS : C’était déjà un peu le cas l’année dernière, et j’ai souhaité poursuivre du fait de la crise sanitaire qui avait stoppé la saison 2019/2020. Pour le groupe, le coach et le club. Par contre, je pourrais signer pour le CN Livry-Gargan si besoin était, pour finir là ou tout a commencé.

LV : On a toujours bien discuté avec Alex et il nous laisse toujours la porte ouverte. Je pense qu’il aurait aimé nous avoir encore dans ses rangs la saison prochaine, mais il a respecté nos choix, donc la réponse serait effectivement non.

L’équipe du PAN 2020-2021 (Crédits Photo : Pays d’Aix Natation)

FWP : Questions sur l’autre :

Une qualité dans le jeu, et une qualité dans la vie ?

TS : Lucas est quelqu’un de très serein, qui s’intéresse à tout et avec lequel je partage beaucoup. Dans l’eau, c’est le mec le plus rapide d’Europe à la nage. On ne compte plus les ballons récupérés sans trop forcer niveau entraînement (rires).

LV : Un bon ami et quelqu’un de travailleur qui ira et se donnera les moyens d’atteindre ses objectifs. C’est quelqu’un d’acharné et avec une vraie volonté de gagner peu importe le contexte, et qui bien entendu n’a jamais eu peur du combat.

Un défaut dans l’eau, et un défaut dans la vie ?

TS : Il est toujours débordé dans sa vie de tous les jours et dans l’eau, il est un peu trop calme.

LV : Je vais dire Bagarreur parce que c’est à double tranchant, mais plutôt une qualité pour le sport.

Vous souvenez vous de votre première confrontation ?

TS : Notre première rencontre doit être un derby Noisy-Livry en jeune. Après c’est tellement loin, on se connaît depuis qu’on a 10 ans, soit presque 20 ans et l’intégralité de ma carrière. Je l’ai finalement toujours connu.

LV : Je pense que oui. Pour moi la première confrontation c’était le derby du 93 qu’on a joué à l’extérieur. Je devais être en Benjamin surclassé et j’avais mis mon premier but avec les plus grands à l’époque face à Livry-Gargan et face à Thomas Saux justement.

De votre premier match ensemble ?

TS : Notre 1er match ensemble devait être lors des inter-régions Jeunes, où nous représentions l’île de France, avec nos stages d’été annuels en Slovaquie.

LV : Ça a du être avec Noisy-le-Sec quand Thomas a rejoint le club juste avant d’intégrer l’INSEP, et que je le rejoigne là-bas un an plus tard.

Qui est le meilleur ?

TS : On n’a pas du tout le même rôle dans l’équipe, et chacun d’entre nous a toujours donné le meilleur de soi pour l’équipe. En tant que Livryen, je dirais que c’est moi le meilleur (rires).

LV : On n’a jamais eu vraiment le même poste ou le même rôle mais par principe je vais répondre moi bien entendu (rires).

Crédits Photo : Sylvain Sauvage

FWP : Comme vois le savez, nous tenons à terminer nos interviews par la question « vachement con ». Alexandre Camarasa nous avais dit, dans l’interview de sa fin de carrière qu’il nous avais accordée, qu’il allait monter une seconde équipe à Marseille en Nationale 3 et reporter la Ligue des Champions dans quatre ans. Qu’en est-il de la seconde équipe du PAN ?

TS : Vu tous mes collègues retraités du PAN, on pourrait faire de beaux derbys face au Cercle de Camarasa… En souvenir de nos rudes échanges amicaux… (rires).

LV : S’il fallait faire une seconde équipe je ne parlerais pas de Ligue des Champions mais je pense qu’elle aurait une ambiance de folie. En tout cas c’est ce que j’aimerais en tant que retraité !

FWP : Un dernier mot ?

TS : Je n’ai pas fait de communiqué pour ma retraite. Je souhaite remercier mes coéquipiers devenus amis, mes adversaires même ceux que j’ai amochés par inadvertance bien sûr, mes coachs qui ont réussi à me supporter, et bien sûr, mon club formateur le CNLG et le PAN.Je remercie tout particulièrement mes parents qui ont fait les trajets pour m’emmener à chaque match et lors de chaque déplacement.

LV : Je voudrais remercier encore énormément le club de Noisy-le-Sec ainsi que tous les entraîneurs, intervenants, et joueurs à qui j’ai eu à faire, car c’est vraiment une famille qui m’a beaucoup apporté et je suis heureux d’avoir participé à l’histoire de ce club. Et bien sûr tous les entraîneurs et coéquipiers que j’ai pu avoir par la suite, à l’INSEP, en équipe de France et au Pays d’Aix Natation. Beaucoup de souvenirs et d’amis qui me suivront dans ma vie.

Crédits Photo : Sylvain Sauvage
Actualités 27 juin 2021