Gilles Madelénat: « Des retours très positifs »

Il y a un an sortait le livre de Gilles Madelénat « Guide de l’entraîneur », toujours disponible dans les différents points de vente. L’ancien entraîneur du centre fédéral de l’INSEP a accepté notre invitation pour tirer un premier bilan de son livre et par la même occasion nous parler de son actualité et de ses projets futurs.

 

France water-polo : Une année s’est écoulée depuis la sortie de ton livre, quel premier bilan peux-tu faire ?

Gilles Madelénat : Merci tout d’abord à France water-polo de s’ intéresser à mon actualité. Il y a eu un très bon départ dès sa sortie, au bout de six mois Amphora m’a annoncé 1200 ventes mais il y a eu des retours et en fin de compte « seulement » 900 ventes en septembre dernier. Actuellement on approche les 1000 exemplaires vendus sur 1500 édités en un an, c’est très acceptable sachant que c’est un ouvrage qui sera toujours d’actualité dans la durée si on occulte la partie règlement. Je sais que certains l’ont acheté dès sa sortie, d’autres ne l’ont pas encore alors qu’ils sont ou ont été poloïstes ou entraîneurs… Enfin, j’ai eu des retours très positifs voire dithyrambiques de personnes qui comptent pour moi dans le milieu du polo que je ne peux tous citer qui reconnaissent l’ampleur et la qualité du travail effectué. Ceux qui liront l’article se reconnaîtront, huit ans quand même pour le sortir ce bouquin !

 

FWP : Les retombées en terme de ventes et de retours sont-il semblables à ce que tu t’imaginais ou espérais?

GM : A vrai dire, je n’espérais rien en particulier, le sortir en un tome était déjà un objectif en soi parce qu’en matière de water-polo, les éditeurs sont un peu frileux et dans l’inconnu. Ils ont un peu l’impression de prendre un risque. Même si j’ai contacté toutes les fédérations francophones qui pour certaines m’ont commandé un exemplaire, elles n’ont pas été les relais espérés pour toucher voire relayer la sortie du livre auprès des clubs de leur pays.

FWP : Avec du recul est-ce compliqué de sortir un livre sur le water-polo en France ?

GM : Une fois que tu as trouvé la commande non, mais cela ne s’est pas fait tout seul quand même, loin de là, je vous explique: Grégorie Lartigot qui bossait avant au service communication de la fédération et que je connaissais bien m’a « intronisé » chez  Amphora qui en tant que leader dans l’édition sportive souhaite être présente de A jusqu’à Z. Ils ont donc été partant pour sortir quelque chose sur le water-polo. Après il a fallu quand même les convaincre sur le contenu, le marché potentiel, etc… Cela ne les dérange pas au départ de ne pas faire de sous sur le water-polo mais ils ne veulent pas en revanche que cela leur coûte. Cela ne sera pas le cas, par contre j’ai dû batailler pour qu’ils sortent le livre en un seul tome. Vu le nombre de pages et le prix de vente en conséquence, l’éditeur commençait à vouloir le sortir en deux tomes. Sous prétexte qu’il est plus facile de dépenser deux fois 25 euros plutôt qu’une seule fois 50 euros. Je n’étais pas d’accord pour diverses raisons, alors il m’a dit pour que le livre sorte en un tome, je devais lui assurer autour de 400 exemplaires vendus avant d’être imprimés et m’a suggéré le partenariat avec la FFN (fédération française de natation) que je ne souhaitais pas au départ. Et c’est là que je remercie Turbo, mon partenaire principal qui s’était engagé sur 200 exemplaires, sur plusieurs années. Il me fallait donc en trouver environ 200 de plus. J’ai donc contacté Florian Bruzzo, directeur technique national à l’époque, pour que la FFN soit partenaire et prenne les 200 manquants, ce qui lui semblait envisageable à ce moment-là. Une demande de 100 exemplaires a ainsi été faite par le DTN auprès de la fédération. Pour faire court et voyant que ça allait « traîner » de leur côté pour confirmer leur engagement, j’ai cherché d’autres pistes ; et je remercie le Pays d’Aix Natation qui en a pris 50, la région ouest qui m’en a assuré 30, la ligue de Normandie 15 et celle du Nord 15 également. On n’atteignait pas encore les 400 demandés par l’éditeur qui de son côté attendait toujours l’engagement écrit de la fédération. Je lui ai dit qu’il arriverait plus tard pour cause de délais administratifs habituels et Amphora m’a donné son accord. Sans le soutien des organismes cités, la sortie n’aurait peut-être jamais été possible. Deux mois après la sortie du livre, on a enfin reçu la confirmation de la FFN que l’on attendait tant et qui au final n’a pris que 10 exemplaires sur les 100 demandés à l’origine par la fédération. Ce qui me gêne un peu, c’est que le logo fédéral apparaît avant les autres partenaires sur le verso du livre. J’ai donc demandé au DTN adjoint, Yan Evan lors des derniers championnats de France UNSS en Corse, s’il serait possible de « rectifier » le tir et de prendre la quantité manquante par rapport aux autres, c’est à dire une quarantaine d’exemplaires, il m’a dit qu’il ferait tout son possible, je suis donc dans l’attente.

 

FWP : Quelles sont maintenant les prochaines étapes pour le “Guide de l’entraîneur”?

GM : Au niveau de l’hexagone, c’est de vendre les livres restants. Cela se fera avec le temps puisque mis à part l’aspect réglementaire, il restera d’actualité. Je vais d’ailleurs y rajouter une feuille volante sur les nouvelles règles en vigueur. La chargée commerciale attend une réponse d’un éditeur espagnol qui semblait être intéressé par une traduction ibérique. De mon côté, je m’organise pour finaliser une traduction en anglais, car la demande est importante et l’offre quasi nulle, un ouvrage aussi complet sur notre discipline n’existant nulle part ailleurs. J’ai un ami qui est en train de s’y atteler et j’attends le devis du maquettiste. Parallèlement, je suis en contact avec Yannis Gianouris qui m’a mis en relation avec Water-polo Developement pour la future promotion. Et grâce à mon travail qu’ils ont apprécié, l’adjoint de Marculescu (directeur exécutif de la FINA) m’a proposé de faire partie de la liste d’experts de la FINA (fédération internationale de natation) en termes de formation et d’entraînement pour à l’avenir, aller prêcher la bonne parole poloïstique, ce que j’ai accepté bien évidemment. Et pour couronner le tout, Yiannis m’a invité à Habba Waba début juillet pour faire une présentation de mon livre qui j’espère sera sorti en anglais.

 

FWP : Parlons un peu de ton autre actualité du moment, les championnats de France Masters de natation en Martinique très prochainement, un sacré défi ?

GM : Oui même si j’ai déjà été champion de France Masters car mon père m’avait demandé de nager pour avoir pour la première fois trois générations championnes de France sur la même épreuve, le 50 brasse. Ce fût le cas grand-père, père et fils mais il faut dire que j’étais beaucoup plus jeune et au top de ma forme. Là c’est un nouveau challenge qu’on m’a poussé à faire en eau libre au départ suite aux bons résultats que j’ai fait sans entraînement particulier lors du tour du Roc et du premier Radeaulibre en septembre dernier où j’ai fini troisième au général alors que je ne visais que la victoire dans ma catégorie C6 (50-55 ans). Et pour ne pas y aller que pour une épreuve et comme je nage au moins une fois par an un 50 mètres brasse, j’ai décidé de pousser un peu plus loin également avec le 100 mètres brasse et le 50 mètres papillon entre les deux épreuves, l’eau libre ayant lieu le dernier jour. Le top serait de ramener un titre sur une des quatre épreuves, et au pire au moins un podium.

 

FWP : A quoi ressemble ta préparation ? 

GM : Alors en plus de l’entraînement de polo une fois par semaine, j’ai rajouté une séance de natation pure de trois kilomètres avec un kilomètre d’échauffement et deux kilomètres de séries en mixant du travail de crawl et de brasse, sur du 5×400 mètres ou du 10×200 mètres, 2 fois (10×100 mètres), ou des pyramides 400, 2×200, 4×100, 6×75, 8×50, en variant les allures, avec résistance ou non, etc… Actuellement je boucle deux semaines de travail lactique genre 3×100 mètres rapide avec une récupération de 4 à 5 minutes. Et puis il y a tout le travail concernant la technique de nage , de virage, de coulée, de départ. Il y a également l’entrainement musculation que j’ai changé par rapport à d’habitude sur un nombre croissant de répétitions pendant un mois sur 4×30 secondes sur six ateliers à 60 % puis 65 % ou 70 %  puis 65 % puis 60%. Là je suis en période de baisse de charge sur du travail plus court et plus explosif de type 4×6 répétitions à 50 % cette semaine, 45 % pour la prochaine sur de la fréquence et en stato-dynamique avant de finir avec de l’élastique une semaine avant la compétition, avec bien sûr affûtage terminal dans l’eau.

 

FWP : As-tu suivi le dernier championnat d’Europe qui s’est déroulé à Budapest ?

GM :  Oui et ça faisait bien longtemps que je n’avais pas vu autant de matchs aussi bien chez les gars que chez les filles.

 

FWP : Qu’en as-tu pensé? 

GM : Alors tout d’abord j’ai trouvé que c’était très bien retransmis, une bonne qualité. Les nouvelles règles en vigueur ne changent pas foncièrement la manière de jouer. Les équipes n’ont pas encore su en tirer le meilleur parti et restent sur des schémas tactiques très traditionnels. Je n’ai pas pu voir le premier match contre la Géorgie, le seul pour lequel les français sont passés à côté et le seul qu’il ne fallait pas perdre. L’Espagne est de retour depuis un moment aussi bien chez les filles que chez les gars et aussi bien chez les jeunes que chez les seniors. Je pense que les nouvelles règles sont encore plus à leur avantage, tout comme la Grèce ou l’Italie qui ont montré des choses en rapport avec leur évolution. Après il faudra voir sur le long terme ceux qui seront prêts et capables de repenser leur polo pour pouvoir évoluer favorablement.

 

FWP : Comme tu le sais, on a l’habitude de terminer l’entretien par la question « vachement con », tu ne peux emmener qu’un objet avec toi en Martinique, ta planche de surf ou ton harmonica ?

GM : Comme une planche s’emprunte ou se loue et pas un harmonica, j’opte pour l’harmo.

 

Pour commander le livre dédicacé par Gilles Madelénat, vous avez la possibilité de le contacter directement via son mail : madelenat.gilles@sfr.fr

 

 

Crédit photos: Cotentin Natation / Ouest-France
Actualités 14 février 2020