Frédéric Audon : « Imposer notre rythme »

Interview. Frédéric Audon, Directeur général du CNM

Revenus à Marseille avec le match nul (16-16) lors de la rencontre aller de la finale du championnat de France Elite contre Noisy-le-Sec, les marseillais qui s’attendaient à une première manche accrocheuse en terre parisienne, savent le chemin à emprunter aujourd’hui s’ils veulent décrocher un 38ème titre de champion de France. Une victoire leur permettrait de créer une belle dynamique en vue du final 8 de la Ligue des champions dans deux semaines et continuer ainsi d’écrire l’histoire du club. Le directeur général du club phocéen, Frédéric Audon qui compte sur la rigueur défensive du CNM pour aborder ces deux matchs capitaux, a répondu à nos questions à quelques heures du match retour crucial contre Noisy-le-Sec.

 

France Water-Polo: Le match aller n’a pas réussi à départager les deux équipes. Quelle analyse fais-tu de ce premier acte ?

Frédéric Audon: Ce fut un match très engagé où les deux équipes se sont rendues coup pour coup. Nous savions que ce serait un match difficile car Noisy a réalisé une magnifique saison régulière et possède des joueurs de qualité qui ont su tenir leur rang mercredi après-midi.
Les très nombreuses situations de supériorités ou d’infériorités numériques ont donné un rythme très particulier à la rencontre ce qui nous a confronté à un schéma inhabituel dans lequel, Noisy a su beaucoup mieux gérer la fin de match.

Avec du recul ce match nul est-il une contre performance pour le Cercle ?

Il ne faut surtout pas dévaluer la performance de Noisy en parlant de contre-performance. Néanmoins, nous restions sur deux victoires cette saison et nous aurions, évidemment, préféré rentrer à Marseille avec le gain de cette première confrontation.

Marseille est clairement le favori aux yeux des pronostiqueurs pour remporter ce titre de champion de France qui lui échappe depuis quelques années maintenant. Après ce match aller, est-ce que les vieux démons des saisons précédentes peuvent resurgir et laisser planer le doute chez les joueurs ?

Nous avons prouvé, cette saison, notre régularité en nous imposant lors des 20 matchs du championnat. Malgré tout, le format des play-offs favorise les équipes moins régulières, nous le savons et nous avons pu le constater mercredi. Il faut donc ne pas se soucier des pronostics ou des statistiques lors de ces rencontres et se concentrer au maximum sur nos forces. On ne peut pas parler de démons lorsqu’un club a joué plus de 50 finales de championnat de France et a remporté 37 titres.

Comment abordez-vous ce match retour à domicile ?

Nous devons imposer notre rythme… Rééditer notre performance offensive de mercredi tout en corrigeant les nombreuses erreurs défensives que nous avons commises.

Crédits Photo : WP Inside

Un autre combat et pas des moindres vous attend prochainement, avec le Final 8 de la Ligue des Champions à Belgrade (3-5 juin) et un gros quart de finale contre Ferencvaros. Quelle sera la clé pour décrocher la qualification en demi-finale face à un des favoris de la compétition ?

La clé de ce type de rencontre passe par une très grande rigueur défensive. Nous devons engranger une grande confiance avant de nous déplacer à Belgrade et cela passe par un match abouti ce soir. Cela créerait une dynamique positive, au contraire de Ferencvaros qui vit une fin de saison compliquée.

Quand on retrace la saison du CNM, on ne peut que constater le nombre important et l’enchaînement intense des matchs de championnat de France et de la Ligue des Champions, sans compter ceux des internationaux avec leurs sélections. N’existe t-il pas une certaine limite qui s’installe naturellement dans la gestion des joueurs à disposition du coach au regard du faible nombre de joueurs que peut constituer au final un effectif ?

Nous savions, dès le début de la saison, que notre calendrier serait très chargé. Sa gestion fut d’ailleurs un vrai casse-tête et il faut féliciter R. Barnier, M. Scepanovic et tous les membres du staff water-polo pour sa gestion. Il faut également remercier tous les clubs, plus particulièrement Strasbourg, et la FFN car nous avons bénéficié de leur appui dans chacune de nos démarches.

Justement pour réussir à performer à tous les niveaux et notamment aller chercher un jour la Ligue des Champions, est-ce qu’un club comme Marseille se devra dans le futur d’élargir son effectif à l’image d’un Pro Recco par exemple, pour jouer plus confortablement sur les différents tableaux ?

Dans l’optique de cette saison et des prochaines, il est important de noter que nous possédons un effectif professionnel composé de 15 joueurs ce qui nous permet de pouvoir gérer les blessures et les cas de fatigue de manière optimale. Pour accompagner cet effectif, il nous faudra, évidemment, incorporer plus de joueurs issus de notre formation pour pouvoir élargir le nombre de joueurs à disposition.

Marseille reste la référence au niveau national en matière d’organisation et de performance. On a pu voir cette saison que les clubs français pouvaient attirer des joueurs de niveau mondial, à l’image de Prlainovic au Cercle. Que manque t-il selon toi au water-polo français pour qu’il franchisse un palier plus important en terme de progression ?

Les trois dernières questions sont liées et nous amène à faire un constat simple: les clubs français doivent former plus de joueurs de qualité. Donner du temps de jeu aux joueurs français en réduisant le nombre d’étrangers de notre championnat ne nous permettra pas de renforcer notre équipe nationale. Pour que nous soyons plus performants au niveau international, il faudra que nos écoles de formation soient plus qualitatives ce qui n’est actuellement pas le cas.

On a l’habitude de finir par la question « vachement con ». Pour les 100 ans du club, tu choisis la reconquête du championnat de France ou la Ligue des Champions ?

Seuls les joueurs peuvent répondre à cette question… Étant donné que c’est la dernière saison d’Alexandre Camarasa, à qui je souhaite vivement rendre hommage pour tout ce qu’il a donné au club, je ne pense pas pas qu’il faille mettre un «ou» dans cette question même si elle est vachement con. Donc nous choisissons de remplacer «ou» par «et».

 

 

Crédit photo: Destimed.fr

Actualités 22 mai 2021