Interview Nenad Vukanic : « jouer tous les matchs pour gagner »

Interview de Nenad Vukanic

Réalisée par France Water-polo

 

Vous êtes à la tête de l’équipe de France depuis peu. Comment s’est établi le contact avec la Fédération Française de Natation ?

C’est la Fédération Française de Natation qui m’a contacté par les biais de Florian Bruzzo et Julien Issoulié. Ils m’ont présenté le projet pour l’équipe de France Masculine.

Nous nous sommes d’abord rencontrés à Nice lors de la première journée du Championnat de Pro A. On s’est revu un mois plus tard, à Paris, lors de la conférence de presse et j’ai pu faire connaissance et discuter avec les autres membres de la Fédération. Nous avons beaucoup parlé des stages que nous pourrions faire car c’est un point très important pour moi.

 

Vous connaissez bien la France puisque vous avez entrainé à Marseille dans le passé. Qu’est ce qui vous a motivé pour ce poste ?

Ce qui m’a le plus motivé c’est le projet ambitieux qui m’a été présenté, la volonté de faire de la France un futur grand pays du Water-polo mondial.

A titre personnel, j’entraine depuis 10 ans, et en restant dans les Balkans, je n’aurais surement pas eu l’opportunité de coacher une grande équipe un jour. C’est donc une grande chance pour moi. J’ai hâte de commencer et c’est un rêve que je veux vivre avec mes joueurs. Je sais qu’il y aura des hauts et des bas, mais c’est un fantastique challenge qui m’est offert.

 

Depuis les JO de Rio, les Français n’attendent qu’une seule chose, c’est de se qualifier pour 2020 à Tokyo. Est ce votre objectif ou cherchez vous déjà à préparer les futurs JO de 2024 à Paris ?

C’est difficile de répondre clairement à cette question. Ce qui est important c’est de participer à toutes les grandes compétitions. Pour avoir des bons joueurs, il faut de l’entrainement mais aussi de l’expérience et se confronter aux plus grands joueurs du monde.

Il faut donc garder une équipe compétitive mais aussi intégrer des jeunes joueurs car ce sont eux qui constitueront la future équipe de France. Aller à Tokyo sera difficile car la France a terminé son cycle de Rio et il faut recréer une nouvelle équipe avec des jeunes joueurs qui seront dans la force de l’âge en 2024 pour Paris.

A terme, l’objectif sera de jouer tous les matchs pour les gagner.

 

Vous avez connu le top mondial avec la Yougoslavie (médaille de Bronze aux JO de Sydney), en tant que joueur, puis le Monténégro, en tant qu’entraîneur adjoint. La France a-t-elle les possibilités de faire partie des meilleures équipes mondiales ? Que lui manque-t-il ?

La France est désormais présente à chaque fois lors des grandes compétitions. Les ambitions sont grandes et possibles dans le futur. Mais il faut travailler.

Après les JO de Rio, il devenait important de renouveler l’équipe. Il faut désormais amener des nouveaux joueurs, du nouveau sang et des nouvelles ambitions. Il y a beaucoup de bons joueurs expérimentés, qui ont participé aux deux derniers championnats du Monde, aux derniers Championnats d’Europe et aux JO. Il sera important de s’appuyer sur eux. Il faudra donc trouver l’équilibre entre ces joueurs d’expérience et les jeunes.

C’est bien évidemment primordial de s’entrainer au moins autant que les plus grandes nations, travailler la Tactique et la Technique pour progresser. Mais il faudra aussi travailler sur la psychologie pour être forts mentalement et prêts à aborder les grands rendez-vous. C’est l’une des raisons pour lesquelles je tiens à faire beaucoup de stages à l’étranger. Certains connaissent le très haut niveau puisqu’ils disputent les différentes Coupes d’Europe (Ligue des Champions ou Eurocup) et jouent dans des grands championnats européens, mais d’autres ne connaissent que le Championnat de France et c’est donc important pour ces joueurs de pouvoir jouer contre des grandes équipes et des grands joueurs.

 

En ce qui concerne les futures échéances (Europa Cup et surtout Championnats d’Europe), avez vous déjà une idée des joueurs que vous allez prendre ?

Nous avons transmis une première liste de 17 joueurs à la Fédération pour le premier stage à l’INSEP (Voir la liste), du 3 au 10 Décembre. Ce ne sera bien évidemment pas la liste définitive. J’ai été absent de France pendant 5 ans, et j’ai besoin de voir beaucoup de joueurs. Cette liste est essentiellement composée de jeunes joueurs. Ce stage nous permettra de déceler les futurs leaders, de savoir ce qu’ils veulent faire, leurs ambitions… Il y aura beaucoup d’absents, notamment les jeunes Marseillais qui seront avec leur club pour l’Eurocup.

Il y aura ensuite un deuxième stage du 26 Décembre au 5 janvier, à Abbeville, où nous aurons retenu certains joueurs du premier stage et où nous ferons revenir les joueurs expérimentés. Nous essaierons probablement de nouveaux joueurs également. Il faudra être prêt pour le premier tournoi d’Europa Cup et aussi pour la double confrontation qualificative pour les Championnats d’Europe de cet été à Barcelone.

Nous suivrons tout le monde, même ceux qui n’ont pas été appelés. Il ne faudra pas être déçu si on n’est pas sur la liste. J’ai l’habitude de dire à mes joueurs que moi aussi je peux faire des erreurs sur ma sélection. L’important n’est pas d’être constamment sur les listes mais plutôt d’y être à la fin. La porte est ouverte à tous, mais la priorité est sur les jeunes.

 

Nous avons coutume de terminer nos interviews par la question « vachement con » : une finale olympique à France – Monténégro, un rêve où un cauchemar ?

Ce serait un rêve… Coacher mon équipe en Finale contre mon propre pays… Bien évidemment j’aimerais que mon équipe gagne et je serais aussi content de voir le Monténégro enfin gagner une médaille Olympique… Ils ont terminé 4ème aux trois derniers JO.

Mais gagner les Jeux Olympique avec la France serait un rêve…

Interviews 23 novembre 2017