Interview de Stéphane Metzger, Directeur Sportif du Team Strasbourg

Interview de Stéphane Metzger,

Directeur Sportif du Team Strasbourg,

réalisée par France Water-polo

 

A 43 ans, Stéphane Metzger est le directeur sportif du Team Strasbourg, à plein temps. Nageur d’origine, il a d’abord entrainé de 1998 à 2013 à l’ASPTT Strasbourg. Depuis 2010 il a également intégré la SNS (ancien TEAM), et sur demande des élus Strasbourgeois il a travaillé sur l’union des clubs avec l’objectif de regrouper les activités compétitives au sein d’une seule structure et développer l’image de la métropole. Le TEAM Strasbourg a ainsi été créé en 2013. Il regroupe la Natation sportive, le Water-polo et le Plongeon.

 

Avant tout, merci à vous de nous accorder de votre temps pour répondre à quelques questions.

Entre la ligue des Champions où vous n’êtes pas passé loin de la qualification pour le second tour, votre 3ème place en Coupe de la Ligue et votre sans faute sur les matchs aller… vous réalisez un très bon début de saison. Quelle est la force du Team Strasbourg ?

Nous travaillons depuis plusieurs années de façon pragmatique, nos moyens sont limités, nous essayons dès lors d’être efficients et judicieux dans nos choix.
Notre effectif évolue peu d’une année sur l’autre et s’attache à intégrer les nouveaux arrivants en respectant l’idée que l’équipe prime sur le reste. Nous tenons compte de nos échecs et nous savons que sur le chemin de la réussite il n’y a pas de raccourci.
Il reste encore une marche à franchir, sans doute la plus difficile.

 

Et quelles sont vos faiblesses ?

Nous n’avons rien gagné à ce jour. Notre expérience du haut niveau est relative, le club est jeune, nous apprenons plus de nos défaites que de nos victoires.

En Ligue des Champions nous avions un tirage difficile pour une première, maintenant c’est aussi ça la Ligue des Champions. Nous avons perdu 2 fois d’un but alors que nous avions la dernière possession de balle, le haut niveau c’est aussi le réalisme.

 

Vous venez de battre Marseille pour la seconde fois de la saison, en championnat. Pensez-vous que le titre soit pour cette année ?

Nous travaillons chaque jour pour atteindre cet objectif, comme beaucoup de clubs de pro A.
Les play-off c’est un autre mini championnat où l’on peut tout perdre sur un match (cf match aller de la finale 2017 – Voir les résumés des Finales du Championnat de Pro A 2016-2016 : Match Aller / Match Retour).

Il y a des équipes qui sont plus aguerries que nous dans la gestion de ce type de rencontre.
Notre échec en finale l’année dernière fait partie de notre apprentissage du haut niveau. Nous avons espoir que notre approche ait évolué.

Le Team Strasbourg, médaillé d’argent de la saison 2016-2017 après sa défaite en Finale contre Marseille

 

Quels sont les objectifs du club à court et à long terme ?

Sportivement, nous aspirons à rester en haut du classement et être plus compétitif au niveau européen.
Du point de vue de l’organisation nous essayons de créer un spectacle sportif au sens large, le public ne vient pas uniquement voir un match de polo.

Il y a 5 ans la collectivité s’interrogeait sur la pertinence de conserver du Water-polo à Strasbourg, aujourd’hui elle reconnait et soutient notre projet ce qui est loin d’être évident dans le contexte actuel. Le public est fidèle, les partenaires privés augmentent en nombre et en implication dans notre structure, cela participe à rendre le Team attractif. Un élu me disait récemment que « nous sommes le club à la mode ».

Enfin, le club doit développer sa notoriété pour être un acteur crédible dans la durée, et il y a encore un travail conséquent à réaliser dans ce domaine.

Crédits : Photo réalisée par Cyril Gife

 

On a beaucoup parlé de Nice et de sa radiation administrative du Championnat de Pro A. Quelle est votre position quant à cette situation ?

Nous regrettons bien entendu que le Water-polo fasse parler de lui négativement.

Si l’on regarde quelques années en arrière, le championnat était très stéréotypé avec 3 grosses écuries qui jouaient le titre et les autres clubs qui essayaient de limiter la casse. Aujourd’hui le championnat a beaucoup évolué, il existe une incertitude dans les résultats et le haut du tableau s’est densifié. 5 équipes peuvent prétendre au titre. Cela rend notre championnat plus attractif, pour les médias et le public. Il y a plus de matchs difficiles pour les joueurs et plus de spectacle.

Mécaniquement cela a permis à l’équipe nationale d’être plus performante et de réussir l’exploit de se qualifier au JO de Rio.
Il faut néanmoins reconnaitre que nous sommes une petite nation de Water-polo, et si nous ne travaillons pas collectivement, les prochaines olympiades se feront sans nous. Nous avons des clubs qui œuvrent dans le bon sens et qui cherchent à développer et à faire la promotion du Water-polo. Il suffit de se rendre à Montpellier, Aix en Provence, ou Douai pour s’en rendre compte. Marseille nous prouve qu’en France on peut atteindre le dernier carré d’une compétition européenne.
L’avenir du Water-polo français se situe dans l’utilisation judicieuse de ces synergies.

La water-polo a besoin d’un chef d’orchestre qui fasse l’union autour de son projet, cela ne semble malheureusement pas être le cas aujourd’hui.

 

Qu’en est-il de la formation ? On a rarement vu Strasbourg parmi les meilleurs clubs dans le passé, mais on a l’impression que ça va de mieux en mieux ces dernières saisons. Vous avez d’ailleurs fini dans les 8 meilleurs clubs français la saison dernière et avez intégré, depuis cette année, le Championnat excellence chez les U17. Est ce que le Team va devenir un grand club formateur dans le futur ?

La direction du club souhaite développer durablement une formation de qualité.

Nous avons embauché Marc Vidil il y a 3 ans avec l’ambition de créer une école de Water-polo. Il en est aujourd’hui le responsable, il est associé dans sa tâche par Pierre Chion et plusieurs joueurs de Pro A ont également intégré le projet.
Notre effectif de jeunes a triplé dans l’intervalle, le niveau de nos équipes s’élève d’une année sur l’autre. La formation prend du temps, nous pensons être sur le bon chemin. Depuis cette saison, il y a des places réservées aux jeunes issus de la formation en Pro A, on crée des passerelles à tous les niveaux du club.

 

Nous avons coutume de terminer nos interviews par la « Question vachement con » : si Igor Racunica (Entraineur du Team Strasbourg) avait besoin de vous pour compléter son équipe, à quel poste lui demanderiez-vous de jouer ?

A part récupérer la balle au début de chaque période, je ne serai d’aucune utilité à Igor, sauf s’il souhaite absolument perdre la rencontre ????.

 

 

Actualités 13 février 2018